Ben Richards, dans les coulisses du pouvoir

Party Animals est un drame dans les coulisses du Parlement britannique, à voir dès cette semaine sur Orange Cinénovo. Conversation avec son créateur Ben Richards, rencontré au festival Scénaristes en séries d'Aix-les-Bains.

Propos recueillis par Frédéric Foubert



Ben Richards, quelle est l'origine de Party Animals ? C'est facile de proposer une série politique à la télé britannique ?

Party Animals est un projet que je développais depuis très longtemps, car ce n'est pas forcément évident de proposer un political drama. Ce fut long, puis la guerre en Irak et l'arrivée de David Cameron à la tête du parti conservateur ont relancé l'intérêt pour les sujets politiques. Mais je ne voulais pas du tout en faire une satire, une caricature. C'est une chose très commune en Grande-Bretagne, on adore se moquer des politiciens, et à la longue c'est plutôt ennuyeux. Et mon intérêt n'allait pas vers les personnages d'hommes politiques à proprement parler, mais plutôt les jeunes, ceux qui découvrent ce milieu. Ce qui compte pour moi, c'est la politique, certes, mais surtout les personnages : une histoire d'amour, les relations entre deux frères... La politique sert d'arrière-plan à tout ça.

Shelley Conn dans Party Animals.

Vous aviez des références en tête dans le genre du political drama ?

Vous voulez me faire parler de The West Wing, c'est ça ? (rires) Oui, c'est une grande série, on y pense forcément quand on parle de politique. Certes, dans Party Animals, les gens ne sont pas aussi idéalistes, ni aussi exemplaires. Pourtant, on est animé des mêmes intentions : s'intéresser à la politique, filmer des gens qui veulent changer le monde.

Après Party Animals, vous avez créé une série appelée The Fixer...

Oui, c'est complètement différent. Mais vous allez bientôt la voir, elle a été achetée par une chaîne qui s'appelle euh... TF1, c'est ça ?

Oui, c'est ça. Et Party Animals est diffusée sur Orange Cinénovo...

Ah bon? C'est bien, ça... Il faut que je me renseigne, je vais leur réclamer de l'argent (rires).

Donc, The Fixer...

C'est l'histoire d'un prisonnier qui devient tueur pour le gouvernement. C'est une série de genre, d'action, dans la lignée de Nikita. J'adore écrire ça. D'ailleurs, je trouve que les sujets politiques passent mieux dans le cadre d'un genre, quand le show lui-même ne se présente pas ouvertement comme politique. On peut parler de la peine de mort, de sujets graves ou moraux, en contrebande, pas de manière frontale, le tout dans le cadre d'un divertissement plutôt fun.

C'est quelque chose que vous avez appris en travaillant comme scénariste sur MI-5 ?

Oui, tout à fait, MI-5 est la série la plus emblématique de cet état d'esprit. On peut y parler de choses très subversives. C'est assez marrant, car en Grande-Bretagne, les spectateurs de gauche la considèrent comme une série très à droite, alors qu'elle est exclusivement écrite par des scénaristes de gauche. On nous accuse de glorifier les services secrets britanniques. Mais bon, c'est surtout la seule série où on aborde des thèmes aussi importants que la politique du Moyen-Orient, les territoires occupés... A chaque épisode de MI-5 que j'ai écrit, j'ai pu choisir d'aborder une question politique qui m'intéressait.

Vous avez commencé comme romancier. Quels sont les points communs entre un scénariste et un romancier ?

C'est un débat intéressant. Mon point de vue, c'est que les romanciers ont beaucoup à apprendre des scénaristes. En Grande-Bretagne, le roman est en train de mourir, je trouve les auteurs contemporains paresseux. Ils sont incapables de construire une intrigue solide, c'est dommage. Les histoires, c'est pas un truc de second plan, c'est essentiel ! Ecrire pour la télé m'a enseigné la mécanique et la discipline, comment garder les gens en haleine. Le roman est considéré comme une forme d'art supérieure, je pense pas que ce soit le cas. Je trouve que les scénarios peuvent se révéler plus subversifs, ils permettent de parler de sujets qui fâchent au plus grand nombre.

Depuis, entre autres, le retour de la franchise Dr Who, il se dit que la télé britannique connaît un nouvel âge d'or. Vous êtes d'accord ?

Impossible à dire. Il nous reste encore beaucoup de boulot, on doit être plus imaginatif, car on a tendance à être trop conservateur. Mais c'est sûr, il y a de très bonnes séries : MI-5, Life on Mars... Continuons à avancer, et on pourra dire qu'on a vécu un âge d'or une fois qu'il sera derrière nous...

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