Edward James Olmos : So Say We All !

Le 24/02/1947

Par Pierre Langlais

Gueule cassée, voix déchirée, Edward James Olmos aura marqué par deux fois l'histoire des séries, en moustachu autoritaire dans Miami Vice, et en amiral égaré dans le nouveau Battlestar Galactica.

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L’alcool, la cigarette, peut-être bien le rock’n’roll, la voix d’Edward James Olmos, brisée, est inimitable. Depuis le début de sa carrière, il y a plus de trente ans, il a multiplié les rôles de fort en gueule. Deux d’entre eux, le Lieutenant Martin Castillo, de Miami Vice, et l’Amiral William Adama, de Battlestar Galactica, resteront dans l’histoire des séries. Pourtant, Olmos, jeune Californien, ne voulait pas devenir acteur. Il était chanteur. Avec son groupe, les « Pacific Ocean », il sillonnera l’Amérique jusqu’à ses 25 ans, jusqu’à ce qu’il se laisse tenter par la comédie.

Signe du destin sans doute, il commence par des séries, Kojak (1975), CHiPs (1978) ou Hill Street Blues (1982-1984). Seul rôle notable sur le grand écran, Blade Runner (1982) où il incarne Gaff, mystérieux collègue d’Harrison Ford, qui semble le surveiller en permanence. En 1983, il refuse un rôle dans Scarface, pour s’installer à Miami, dans la peau du Lieutenant Castillo (photo ci-contre), chef des têtes brûlées Crockett et Tubbs. Cinq saisons durant, il travaillera ses coups de gueule et sa moustache dans l’ombre de Don Johnson, récoltant au passage un Emmy en 1985 et un Golden Globe en 1986.

Malgré ce beau succès, le cinéma ne lui fait pas les yeux doux. En 1988, il décroche le rôle titre de Stand and Deliver, une histoire de prof de maths et de jeunes à problèmes. Le film, qui ne traversera jamais l’Atlantique, lui offre une nomination aux Oscars. Sans succès. Il faudra en fait attendre 1999 et A la Maison Blanche, où il incarne un candidat à la Cour Suprême délicat à manœuvrer, pour le revoir sur les télévisions françaises. Entre temps, il s’est essayé à la réalisation avec Sans rémission (American Me), un film inspiré de la vie d’un chef de la pègre latino de Los Angeles. Deux « conseillers » sur le tournage, anciens mafieux, y laisseront leur peau. Olmos lui-même sera l’objet de menaces. Entre temps, il se sera aussi marié trois fois, dont huit ans avec Lorraine Bracco (le Dr. Melfi des Soprano), piquée à Harvey Keitel, devenu depuis son ennemi juré…

La véritable renaissance artistique d’Olmos a lieu en 2003. Quasi soixantenaire, fatigué, il est saisissant en amiral Adama, force de la nature, figure paternelle faillible et forte à la fois, toute entière symbolisée par une voix brisée et une gueule cassée sur un corps solide et droit dans ses galons. Aucun prix ni aucune nomination notables ne sont venus récompenser cette performance, pourtant bien davantage qu’un nom latino de plus pour ce fils d’immigré Mexicain, qui aura incarné toute sa carrière des personnages nommés Garcia, Gonzales, Mendoza, Santos ou Cruz. Un catalogage qu’Olmos, fervent militant de la défense des droits des latinos, ambassadeur pour l’UNICEF et citoyen mexicain depuis 2007, n’a jamais contesté.

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